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À la Réunion aussi les droits des enfants en situation de handicap intellectuel et cognitif sont bafoués

Rédigé le Mercredi 21 Août 2024 à 09:41


A la Réunion aussi les droits des enfants en situation de handicap intellectuel et cognitif sont bafoués : À l'Adapei La Réunion, parmi les 30 élèves nécessitant l'accompagnement d'un AESH, 13 n'en ont pas ou ne bénéficient pas du nombre d'heures prévu dans leur notification.


À la Réunion aussi les droits des enfants en situation de handicap intellectuel et cognitif sont bafoués
Depuis six ans, la campagne #jaipasecole de l'Unapei permet aux parents et à leurs enfants présentant un trouble du neurodéveloppement (comme les troubles du développement intellectuel ou du spectre de l'autisme), ou de polyhandicap, de s'exprimer sur le manque d'accès à une scolarisation adaptée à leurs besoins spécifiques.

Cette campagne permet de mettre en avant le quotidien de nombreux enfants dont les droits à l'éducation ne sont toujours pas respectés. Elle souligne une réalité qui reste encore aujourd’hui ignorée : Cette rentrée, comme chaque année, des milliers d'enfants n’auront pas accès à la scolarisation, ou seulement de manière partielle.

A la Réunion, l’Adapei a tenté de comptabiliser tous les enfants qui sont sans solution adaptée sur ses deux établissements et services. Au SESSAD (service d’éducation spéciale et de soins à domicile) parmi les 30 élèves accompagnés qui ont reçu une notification AESH, près de la moitié n’ont soit pas d’AESH, soit ne bénéficient pas du nombre d’heures d’accompagnement suffisant et correspondant à leur notification.  

A l’IMPro (qui accueille des jeunes de 14 à 20 ans), sur les 121 jeunes accompagnés, 55 ont entre 0 et 6h de scolarisation.
 
« A l’échelle de notre association départementale, les chiffres sont effarants. Nous voudrions pouvoir proposer plus d’heures de scolarisation à tous les enfants, et permettre à plus d’enfants d’être accompagnés pour enfin répondre au projet de vie des jeunes et de leurs familles, mais nous manquons cruellement de moyens : le ratio entre les besoins en scolarisation et le nombre d’enseignants est très largement insuffisant ! Les pénuries de professionnels dans le secteur médico-social, c’est aussi cela : des enfants qui n’ont que quelques heures d’enseignement par semaine, et d’autres, aucune heure. Quelles pertes de chance d’apprendre, d’échanger, de se développer et de s’épanouir … comme chaque enfant ! Pour ces enfants et pour leurs familles, il y'a urgence… » déclare Danielle Payet, présidente de l’Adapei la Réunion
  

Les enfants en situation de handicap restent invisibles, même dans les statistiques nationales, il est impossible de connaître le nombre exact de ceux qui ne peuvent exercer leur droit à l'éducation. Afin de mettre en lumière les réalités quotidiennes de ces enfants, l'Unapei et les associations de son réseau réalisent chaque été un état des lieux de la scolarisation des enfants qu'elles accompagnent. 

Ainsi en juin 2024 du SESSAD de l’Adapei La Réunion, sur 68 enfants accompagnés, 30 jeunes ont une notification d’AESH mais 13 d’entre eux n’ont toujours pas d’AESH ou ne bénéficient pas d’un nombre d’heures d’accompagnement suffisant et correspondant à leur notification. Par exemple, certains ne sont accompagnés que 2h30 malgré une notification de 13h, d’autres encore 9h30 pour une notification de 24h…

Sur les 73 enfants accompagnés au sein de l’IMPRO, 55 ont de 0 à moins de 6h de scolarisation, et 18 ont entre 6 à 12h de scolarisation.

40 enfants sont inscrits sur la liste d’attente de l’IMPRO de l’Adapei La Réunion  
 
… Il y a donc 40 enfants qui se trouvent soit sans solution, soit avec une solution partielle, soit avec une solution qui n’est pas adaptée à leurs besoins d’accompagnement dans leur vie quotidienne. Ces situations entraînent de graves conséquences pour les enfants qui se trouvent freinés dans leurs apprentissages, leurs interactions, leurs jeux … Tout ce qui devrait pourtant permettre à chaque enfant de se développer et d’évoluer.
 
Les témoignages déposés par les familles désemparées sur la plateforme marentrée.org reflètent la détresse et l'injustice subie par ces enfants. Près de 950 familles ont déjà témoigné : quand leurs voix seront-elles entendues ?
 
La Réunion ne fait hélas pas exception : classes inadaptées, services périscolaires inaccessibles, manque d’accompagnement, aucune solution… les témoignages dressent une situation alarmante. Le manque de solutions de scolarisation a également de graves conséquences pour les parents, qui doivent constamment chercher une solution pour leur enfant tout en jonglant avec leur vie professionnelle, familiale et sociale.

« Obtenir une solution de scolarisation pour Nolan a été un parcours du combattant. Nolan a fait son entrée en maternelle, comme les autres enfants… mais ses besoins n’étaient pas compris. On me disait même qu’il était capricieux ou mal élevé. En petite section de maternelle, il n’était scolarisé qu’une heure par jour. Il restait souvent dans la cour de récréation, en attendant. Nous faisions 30 minutes de trajet aller et retour pour l’accompagner 1 heure à l’école.

A la fin de la 2nd section, nous avons décroché une place en IMP. Nolan est accompagné depuis février et accède progressivement à davantage d’heures de scolarisation. Il est maintenant scolarisé de 8H30 à 12h quasiment tous les jours de la semaine. Je vois mon fils s’épanouir, être heureux, évoluer. Il développe des apprentissages : la parole, se débrouiller pour manger, mieux comprendre les choses … on voit des changements très positifs dans son comportement. Cela lui permet aussi d’être suivi par un orthophoniste, un psychomotricien et différents professionnels »
- Mère de Nolan, 7 ans (porteur du trouble du spectre de l’autisme) – Adapei La Réunion  

*IMP : Institut Médico-Pédagogique

« Azhar est scolarisé en SESSAD et au collège car il n’y a pas de place en ULIS. Il est sur liste d’attente depuis l’année dernière … il n’aura pas de place à la rentrée 2024. Azhar a reçu une notification pour être accompagné d’une AESH 2 heures par jour, mais ce n’est pas suffisant. Il a des difficultés pour suivre comme les autres élèves, pour la lecture, les maths, le français… Il faut l’accompagner, être derrière lui, l’aider pour les devoirs, aménager les apprentissages… En 6ème il n’avait pas d’AESH et en 5ème seulement 2h par jour. C’était difficile pour lui et je l’aidais chaque soir pour les devoirs, tout en m’adaptant à son niveau de fatigue » - Mère d’Azhar, 13 ans

*Sessad – Service d'éducation spéciale et de soins à domicile
* Ulis – Unité localisée pour l'inclusion scolaire

« Sandjebaan est scolarisé à l’école de quartier 4 jours par semaine. Il a besoin d’être accompagné par une AESH individualisée pour suivre et rester attentif. En grande section par exemple, il ne comprenait pas forcément les changements de classe ou de maitresses. En grande section, il était accompagné par la même AESH pendant 16 heures. Finalement, en CP, il devait être accompagné par 2 AESH, dont une était régulièrement absente. Sandjebaan était accompagné 8 heures par la première, mais le reste du temps c’était 1h l’après-midi, 1h le matin… sans arriver aux 16 heures nécessaires et notifiées. Sandjebaan est en capacité de réussir mais il a besoin d’une aide pour lui expliquer les consignes, qu’il puisse poser des questions et participer » - Mère de Sandjebaan, 7 ans

Parents, vous vivez le parcours du combattant pour faire respecter les droits de votre enfant ? Faites-le savoir sur www.marentree.org

Ludovic Belzamine
Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur

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