Cyclevia fait le bilan de sa première opération de collecte d'huiles usagées en Guadeloupe


Publié le Mardi 14 Janvier 2025 à 10:16



Pour Cyclevia, l’éco-organisme des huiles et des lubrifiants, les Outre-mer occupent une place importante en raison de leurs spécificités locales et des tensions fréquemment observées dans la gestion des déchets.

Cyclevia a décidé de mener en Guadeloupe, entre octobre 2023 et avril 2024, sa première expérimentation de collecte d’huiles usagées et de leurs emballages, destinée aux particuliers, au sein d’un réseau partenaire d’enseignes de l’entretien automobile. Les résultats probants de cette opération sont déjà sources d’inspiration pour des projets similaires dans d’autres territoires ultramarins, et aussi en Métropole.

Les territoires ultramarins se distinguent par des défis uniques en matière de gestion des huiles usagées : augmentation des stocks, défaillances des systèmes de collecte, dépôts sauvages, difficultés liées au traitement local, publics non avertis des dangers et des bonnes pratiques... 

Les attentes des pouvoirs publics sont fortes face à la menace que ces déchets font peser sur l’environnement et la santé. Quant aux collectivités, la gestion des huiles et de leurs emballages souillés représente également un enjeu sanitaire, écologique et financier.
C’est dans cette perspective que s’est déroulée en Guadeloupe, d’octobre 2023 à avril 2024, la première opération de collecte en partenariat avec un réseau d’enseignes de l’entretien automobile : le Groupe Barbotteau. Pendant 6 mois, 6 bornes de collecte d’huiles usagées et de leurs emballages ont été installées en accès libre et gratuit sur les parkings de sites Midas et Norauto.

Cette initiative visait à renforcer le maillage des déchèteries existantes en apportant une solution de proximité, au plus proche des habitudes des détenteurs et au plus proche aussi ce ceux qui éprouvent des difficultés à se déplacer. Cette solution a également permis de lutter contre les dépôts sauvages, préjudiciables à l’environnement, à la santé et à l’image de l’archipel.

L’objectif était aussi d’informer les détenteurs de la dangerosité de ces déchets et des bonnes pratiques à adopter pour s’en prémunir et assurer leur recyclabilité. Car, si la collecte des huiles usagées présente de bons résultats auprès des professionnels (garages, usines...), elle est encore largement perfectible auprès des particuliers. Ces derniers détiennent en effet des micro-gisements (souvent quelques litres) dispersés et potentiellement très polluants.
 
Avec un ratio de 0,036 déchèterie pour 1 000 habitants contre 0,069 au niveau national, le maillage des points de collecte, constitué de 14 déchèteries, devait être densifié.

L’opération a entièrement été pilotée et financée par Cyclevia. Les déchets collectés ont été pris en charge par un collecteur agréé, transportés et regroupés dans des sites sécurisés, puis exportés en Métropole pour y être régénérés ou valorisés en énergie.

Des volumes collectés encourageants
Les 6 points d’apport volontaire créés pour l’opération ont permis de récolter en 6 mois 3 895 kg d’huiles usagées et 628 kg d’emballages en plastique. 12 ramassages effectués par le collecteur agréé de l’archipel, SARP Caraïbes, situé à Baie-Mahault, ont été nécessaires pour acheminer ces déchets en centre de regroupement, en vue de leur expédition vers la Métropole.

Des volumes en hausse
En additionnant les quantités recueillies au sein des 6 centres Midas et Norauto à celles des déchèteries, on constate que la collecte auprès des particuliers et assimilés (petits professionnels, garages informels) a augmenté de 5,83 tonnes (soit une hausse de 11,4%) par rapport à la même période l’année précédente.

Les quartiers populaires et éloignés des déchèteries plus propices à la collecte
Les sites de Basse-Terre et de Sainte Rose, éloignés d’une déchèterie, ont concentré respectivement plus de 50% et 25% des huiles usagées collectées, confirmant la pertinence de cibler des zones mal desservies. Ces deux sites sont situés dans des quartiers populaires, fréquentés par des détenteurs présentant un attachement particulier à leur véhicule et pratiquant eux-mêmes leur vidange, ou par les garagistes informels cherchant des solutions de proximité et gratuites pour se défaire de leur stock de déchet d’atelier.

La cible des garages informels clairement atteinte
En Guadeloupe, les garages informels, ces sociétés sans statut légal, à la frontière du professionnel et du particulier, et donc difficiles à identifier représentaient pour Cyclevia une des cibles à atteindre. Le détail des types d’emballages collectés montre que l’opération les a directement touchés : 71% de bidons de 20 litres, privilégiés par les garages informels ou les agriculteurs, contre 24% d’emballages de 4 et 5 litres souvent détenus par les particuliers.

Des usagers respectueux et concernés
La propreté des points de collecte et le respect des consignes de tri sont révélateurs de la responsabilité des détenteurs et d’une volonté de bien faire les choses, voire d’une certaine maturité. Les installations, encourageant le dépôt de bidons pleins et proscrivant tout transvasement, et la campagne de communication incitant aux bonnes pratiques, ont été efficaces.

Des institutions et collectivités qui saluent l’initiative
Les retours du Sinnoval et de Cap Excellence, mais aussi de la Région, de l’Ademe et de la Deal de Guadeloupe sont très encourageants. Ils saluent tous l’expérimentation.

« Pour réussir, il est crucial de cibler les zones dépourvues de solutions locales et de collaborer avec des partenaires locaux bien implantés, tout en adaptant la communication et les opérations aux réalités du terrain. » explique Brice Fabre, responsable des Activités Ultramarines de Cyclevia

Fort de ce premier succès, le Groupe Barbotteau, partenaire de l’opération, a souhaité poursuivre la collecte au-delà des 6 mois initiaux. Une nouvelle convention a été signée dans ce sens.

Cyclevia a cédé à titre gratuit le matériel des 6 points d’apport et continue de supporter la totalité des coûts de collecte, de déconditionnement et de traitement des emballages souillés jusqu’à l’annonce prochaine de la décision des pouvoirs publics de confier à Cyclevia la gestion des emballages de sa filière.

« Notre objectif d’aller chercher les derniers litres dispersés tout en faisant de la pédagogie autour de la dangerosité des huiles usagées, est atteint ! En termes d’efficacité, cette expérimentation est une solution intéressante pour la filière et son développement. Il existe d’autres territoires pour lesquels une telle offre aurait du sens. Cette expérimentation nous conforte dans les efforts à poursuivre pour renforcer le maillage des déchèteries et faire que la distance ne soit plus un frein à l’action. » explique André Zaffiro, Directeur général de Cyclevia

Ailleurs en Outre-mer, certains acteurs nous ont aussi déjà fait part de leur impatience de voir une telle opération se dérouler sur leur territoire. À ce titre, des expérimentations sont en cours de développement à Mayotte, et en Guyane. En Métropole, un partenariat avec 3 enseignes de l’entretien automobile verra le jour au printemps 2025. À cette occasion, une vingtaine de nouveaux points de collecte devraient être créés, offrant aux particuliers une alternative aux déchèteries, plus proches de leurs habitudes de consommation.

Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur
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