La Société des Journalistes des Nouvelles Calédoniennes se dise "à bout de force"

Rédigé le Vendredi 28 Février 2014 à 11:40



La Société des Journalistes (SDJ) des Nouvelles Calédoniennes, qui regroupe la majorité des journalistes du quotidien et des magazines, tire aujourd'hui la sonnette d'alarme. La rédaction est à bout. Elle entend ici exprimer son épuisement, sa frustation mais aussi sa détresse face à une situation qu'elle juge catastrophique.
Depuis Juillet, le journal navigue sans capitaine, près de la moitié des journalistes (19 sur 44) ont quitté l'entreprise et la direction a multiplié les décisions peu lisibles. Ces mois d'érrance ont notamment été marqués par de nombreux arrêts de travail, signalés à la médecine du travail.
A un mois des élections municipales et à moins de trois mois des provinciales, des échéances majeures pour l'avenir du pays, le seul quotidien de Nouvelle-Calédonie, déja en grave sous-éffectif, se retrouve désormais sans rédacteur en chef, bientôt sans rédacteur en chef adjoint et sans chef du service Nouméa. A cela s'ajoutent les départs qui ne sont pas tous remplacés. Au quotidien, les journalistes se voient donc dans l'obligation de composer avec ces contraintes, parfois au détriment de la qualité, ce qu'ils déplorent. Dans ce contexte dégradé, les journalistes sont de moins en moins en capacité d'assurer correctement leur mission d'information. Au préjudice du navire LNC, qui prend l'eau.
Un summum vient, par ailleurs, d'être atteint. Une phrase publiée dans l'édition du 22 Février 2014 a suffi à faire céder la direction du journal face aux pressions répétées du haut-commisaire Jean-Jacques Brot. Sur demande de ce dernier, un texte (intitulé "La raison de la colère") a aussi été publié sur le site internet du quotidien. Ce texte dans lequel les journalistes des Nouvelles Calédoniennes sont attaqués publiquement a été diffusé à l'insu de la rédaction, ce qui va à l'encontre des principes et du bon fonctionnement du journal. Ce texte a également été suivi d'un communiqué paru dans le quotidien le 24 Février 2014 (intitulé "le haut-commissaire s'explique").
Ces épisodes regrettables illustrent l'incapacité de la direction à gérer les pressions extérieures, pourtant inhérentes à l'activité de tout organe de presse. Interpellé à ce sujet, Philippe Demazel, le Directeur Général, a répondu par le silence. La SDJ se dit scandalisée par ces incidents graves et a demandé à M.Jacques Jeandot, actionnaire majoritaire et directeur de la publication, de se positionner publiquement à ce sujet afin d'envoyer un signe fort d'indépendance du quotidien aux journalistes et aux lecteurs.
Les journalistes des Nouvelles Calédoniennes sont aujourd'hui au bord de nerf et à bout de force. C'est un fait. A chaque fois que cela a été nécessaire, ils ont pris leurs responsabilités et ont notamment alerté la direction du journal sur les dysfonctionnements constatés, dans le seul intérêt de l'entreprise et de ses salariés. En sept mois, la SDJ a été ammenée à éffectuer des signalements sanitaires sur l'état de santé des journalistes mais aussi à prononcer deux motions de défiance, l'une envers Philippe Demazel, directeur général, et l'autre à l'encontre de Fabrice Rouard, rédacteur en chef. Ce sont des faits indéniables, actés par des écrits.
Consciente de ses responsabilités, la Société des Journalistes a alerté la direction à chaque fois que cela a été possible, mais elle ne peut se substituer à celle-ci. Aujourd'hui, les journalistes s'intérrogent plus que jamais sur les choix de cette direction, sur les finalités visées, et, au-delà, sur l'impartialité et le devenir du journal. C'est désormais à la direction de poser des actes forts, vite et de manière lisible pour tous afin de permettre les Nouvelles Calédoniennes sur la bonne voie. Et permettre à ses salariés, tous services confondus, de s'épanouir. C'est ce que nous réclamons.

CP SDJ Les Nouvelles Calédoniennes


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Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur