Le CSA dresse un bilan critique de la présidence de Rémy Pflimlin à France Télévisions, jugeant que "la qualité de certains programmes, hors information, ne permet pas encore (au groupe) de se différencier assez nettement" des chaînes privées, dans un rapport publié mercredi.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime également "indispensable une clarification des lignes éditoriales" entre France 2 et France 3. Le CSA, qui choisira dans moins de six mois le prochain président de France Télévisions, regrette aussi "l'absence de réforme de France 3 régions", "enjeu éditorial et budgétaire majeur".
Celui-ci "suggère" également des évolutions sur l’avenir, "encore marqué par l’incertitude", de France 4 et de France Ô, et relève une répartition des responsabilités "insuffisamment précise" à l’intérieur du groupe.
--> Le texte du bilan du CSA
INFO+: Avis du CSA sur la chaîne France Ô
Sur France Ô, l’offre d’information composée de quatre journaux télévisés représente environ 16% de la grille et répond à l’une des missions du groupe France Télévisions qui est de proposer une offre d’information venue des Outre-mers. La chaîne peut s’appuyer à cetitre sur les chaînes du réseau Outre-mer 1ère qui produisent chaque année près de 12 000 heures d’information. Toutefois, le souci de diversification des programmes de la chaîne l’a conduite à diminuer les heures consacrées à la rediffusion des éditions d’information des différentes Outre Mers 1ères. Ceci a entraîné une baisse significative de l’offre d’informationde France Ô qui représentait 29% de la grille en 2010, soit une baisse de 13 points parrapport à 2013.
L’offre de France Ô a subi de nombreuses évolutions éditoriales. Les changements apportés ont notamment touché deux genres de programmes : l’information et les documentaires et magazines. La lecture de ce nouveau positionnement éditorial est à mesurer à lumière de la spécificité de France Ô en 2010.
L’offre de la chaîne s’articule autour de grands genres de programmes propres aux chaînes généralistes. L’information demeure un pilier de la chaîne et représente près de 16% de sa proposition globale. Elle s’articule autour de quatre grandes tranches horaires disséminées en matinée et en soirée.
Si des opérations propres à France Ô peuvent être relevées comme la mise à l’antenne en 2013 de la série CUT ! et les récents développements portant sur le documentaire et les programmes musicaux (Nova sessions), il est à noter que sa grille de programmes repose essentiellement sur la multidiffusion.
En journée, France Ô s’appuie sur la mise en l’antenne de fictions précédemment diffusées par les autres antennes du groupe : Cœur Océan, Terre Indigo, Famille d’accueil ou de séries comme H (Canal+) et propose en matinée des télé-novelas et des épisodes anciens de Plus belle la vie. Cette stratégie de multidiffusions s’étend également à certains magazines comme par exemple: Rendez-vous en terre inconnue. Avec un paysage audiovisuel constitué de 25 chaînes gratuites, les droits d’achats et de préachats des fictions télévisuelles et des films cinématographiques ont augmenté considérablement, obligeant France Ô à diffuser trois à quatre fois le même programme pour rentabiliser son acquisition. A l’exception des programmes produits par le réseau Outre-mer 1ère et de quelques magazines propres, France Ô reste essentiellement alimenté par un fonds de catalogue peu attractif.
Les racines ultramarines de la chaîne
Lors des dernières renégociations menées par l’Etat et France Télévisions conduisant à la signature de l’avenant au Contrat d’objectifs et de moyens en novembre 2013, la tutelle de France Télévisions avait expressément souhaité renforcer le positionnement de la chaîne dans le bouquet du service public. Lors de l’examen de l’avenant au COM de France Télévisions, la députée Martine Martinel indiquait que « l’effort de clarification de la ligne éditoriale de France Ô ne convainc pas la rapporteure qui prend acte de l’orientation retenue par le projet d’avenant mais s’interrogeencore sur la présence de cette chaîne au sein du bouquet France Télévisions ». Selon elle « l’outre-mer et la ‘diversité’ ne doivent pas être reléguées au sein d’une chaîne spécifique à faible budget et petite audience ».
Le Conseil quant à lui estimait au sujet de la mission confiée par l’avenant au COM qu’elle« devrait conduire à mettre davantage en valeur les départements, les régions et les territoires d’outremer à travers l’information, la fiction et le cinéma, les documentaires, les programmes culturels, les sports et les divertissements ». A ce titre, les volumes horaires mensuels des programmes ultramarins diffusés sur France Ô ont été pérennisés et revus à la hausse, s’établissant en 2015 à 66 heures d’information locale produite ou coproduite par le réseau Outre-mer 1ère et 39 heures de programmes consacrés à l’outre-mer (magazines et documentaires).
Toutefois, cet effort portant à renforcer la spécificité ultra-marine de la chaîne semble minime au regard de la traduction actuelle en termes de programmation. Un nécessaire travail est à effectuer pour optimiser l’articulation de la grille et donner une vraie identité àcette chaîne qui oscille entre une offre ultra-marine et à destination du jeune public urbain,qui sur ce dernier point peut d’ailleurs concurrencer France 4. Sa programmation qui repose sur de nombreuses multidiffusions de programmes sans lien avec ses missions propres et le caractère confidentiel de son audience peuvent conduire à s’interroger sur la proposition de la chaîne et sur son positionnement. Le Contrôle général économique et financier indique à ce titre que « l’utilité d’une chaîne ultra-marine diffusée sur la TNT n’a pas été questionnée alors que les sites internet des Outre-mer premières ont été récemment refondus et sont très complets et que par ailleurs, l’Outre-mer comme la diversité doivent être présents sur toutes les antennes du service public et principalement sur celles qui sont regardées par un nombre important de téléspectateurs ».
Le Président de la République François Hollande, lors de son discours tenu à l’occasion du dîner annuel de Conseil représentatif des Français d’Outre-mer le 26 novembre 2014, a regretté, à l’appui des constats du Conseil, la faible part accordée aux programmes ultramarins sur l’antenne de France Ô et a indiqué que « sans coût supplémentaire, nous devons faire en sorte que France Ô redevienne véritablement une chaîne ultramarine avec son identité ».
La spécificité de France Ô suscite de nombreuses prises de position. Dans la perspective de la pérennité de cette chaîne, deux options semblent envisageables : Soit considérer que la viabilité de cette chaîne peut passer par la préservation et l’accentuation de son identité ultramarine. Pour ce faire, le financement de la chaîne doit être garanti car il est difficilement envisageable d’accomplir une telle mission sans les ressources financières appelées à en découler. Soit lui donner une nouvelle légitimité en lui fixant des orientations tournées sur lac réation contemporaine, la musique, les cultures urbaines, dans des formes privilégiant l’audace et l’impertinence. L’offre d’information des territoires d’Outremer pourrait alors être prise en charge par France 3, qui au titre de la continuité territoriale de l’Etat, assurerait sa vocation pleine et entière de chaîne consacrée auxterritoires. Ce schéma impliquerait que France 4 soit entièrement consacrée à laprogrammation jeunesse. L’avenir de cette chaîne sera quoi qu’il en soit à déterminer à l’occasion de la futurerédaction du prochain contrat d’objectifs et de moyens liant l’Etat et France Télévisions.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel estime également "indispensable une clarification des lignes éditoriales" entre France 2 et France 3. Le CSA, qui choisira dans moins de six mois le prochain président de France Télévisions, regrette aussi "l'absence de réforme de France 3 régions", "enjeu éditorial et budgétaire majeur".
Celui-ci "suggère" également des évolutions sur l’avenir, "encore marqué par l’incertitude", de France 4 et de France Ô, et relève une répartition des responsabilités "insuffisamment précise" à l’intérieur du groupe.
--> Le texte du bilan du CSA
INFO+: Avis du CSA sur la chaîne France Ô
Sur France Ô, l’offre d’information composée de quatre journaux télévisés représente environ 16% de la grille et répond à l’une des missions du groupe France Télévisions qui est de proposer une offre d’information venue des Outre-mers. La chaîne peut s’appuyer à cetitre sur les chaînes du réseau Outre-mer 1ère qui produisent chaque année près de 12 000 heures d’information. Toutefois, le souci de diversification des programmes de la chaîne l’a conduite à diminuer les heures consacrées à la rediffusion des éditions d’information des différentes Outre Mers 1ères. Ceci a entraîné une baisse significative de l’offre d’informationde France Ô qui représentait 29% de la grille en 2010, soit une baisse de 13 points parrapport à 2013.
L’offre de France Ô a subi de nombreuses évolutions éditoriales. Les changements apportés ont notamment touché deux genres de programmes : l’information et les documentaires et magazines. La lecture de ce nouveau positionnement éditorial est à mesurer à lumière de la spécificité de France Ô en 2010.
L’offre de la chaîne s’articule autour de grands genres de programmes propres aux chaînes généralistes. L’information demeure un pilier de la chaîne et représente près de 16% de sa proposition globale. Elle s’articule autour de quatre grandes tranches horaires disséminées en matinée et en soirée.
Si des opérations propres à France Ô peuvent être relevées comme la mise à l’antenne en 2013 de la série CUT ! et les récents développements portant sur le documentaire et les programmes musicaux (Nova sessions), il est à noter que sa grille de programmes repose essentiellement sur la multidiffusion.
En journée, France Ô s’appuie sur la mise en l’antenne de fictions précédemment diffusées par les autres antennes du groupe : Cœur Océan, Terre Indigo, Famille d’accueil ou de séries comme H (Canal+) et propose en matinée des télé-novelas et des épisodes anciens de Plus belle la vie. Cette stratégie de multidiffusions s’étend également à certains magazines comme par exemple: Rendez-vous en terre inconnue. Avec un paysage audiovisuel constitué de 25 chaînes gratuites, les droits d’achats et de préachats des fictions télévisuelles et des films cinématographiques ont augmenté considérablement, obligeant France Ô à diffuser trois à quatre fois le même programme pour rentabiliser son acquisition. A l’exception des programmes produits par le réseau Outre-mer 1ère et de quelques magazines propres, France Ô reste essentiellement alimenté par un fonds de catalogue peu attractif.
Les racines ultramarines de la chaîne
Lors des dernières renégociations menées par l’Etat et France Télévisions conduisant à la signature de l’avenant au Contrat d’objectifs et de moyens en novembre 2013, la tutelle de France Télévisions avait expressément souhaité renforcer le positionnement de la chaîne dans le bouquet du service public. Lors de l’examen de l’avenant au COM de France Télévisions, la députée Martine Martinel indiquait que « l’effort de clarification de la ligne éditoriale de France Ô ne convainc pas la rapporteure qui prend acte de l’orientation retenue par le projet d’avenant mais s’interrogeencore sur la présence de cette chaîne au sein du bouquet France Télévisions ». Selon elle « l’outre-mer et la ‘diversité’ ne doivent pas être reléguées au sein d’une chaîne spécifique à faible budget et petite audience ».
Le Conseil quant à lui estimait au sujet de la mission confiée par l’avenant au COM qu’elle« devrait conduire à mettre davantage en valeur les départements, les régions et les territoires d’outremer à travers l’information, la fiction et le cinéma, les documentaires, les programmes culturels, les sports et les divertissements ». A ce titre, les volumes horaires mensuels des programmes ultramarins diffusés sur France Ô ont été pérennisés et revus à la hausse, s’établissant en 2015 à 66 heures d’information locale produite ou coproduite par le réseau Outre-mer 1ère et 39 heures de programmes consacrés à l’outre-mer (magazines et documentaires).
Toutefois, cet effort portant à renforcer la spécificité ultra-marine de la chaîne semble minime au regard de la traduction actuelle en termes de programmation. Un nécessaire travail est à effectuer pour optimiser l’articulation de la grille et donner une vraie identité àcette chaîne qui oscille entre une offre ultra-marine et à destination du jeune public urbain,qui sur ce dernier point peut d’ailleurs concurrencer France 4. Sa programmation qui repose sur de nombreuses multidiffusions de programmes sans lien avec ses missions propres et le caractère confidentiel de son audience peuvent conduire à s’interroger sur la proposition de la chaîne et sur son positionnement. Le Contrôle général économique et financier indique à ce titre que « l’utilité d’une chaîne ultra-marine diffusée sur la TNT n’a pas été questionnée alors que les sites internet des Outre-mer premières ont été récemment refondus et sont très complets et que par ailleurs, l’Outre-mer comme la diversité doivent être présents sur toutes les antennes du service public et principalement sur celles qui sont regardées par un nombre important de téléspectateurs ».
Le Président de la République François Hollande, lors de son discours tenu à l’occasion du dîner annuel de Conseil représentatif des Français d’Outre-mer le 26 novembre 2014, a regretté, à l’appui des constats du Conseil, la faible part accordée aux programmes ultramarins sur l’antenne de France Ô et a indiqué que « sans coût supplémentaire, nous devons faire en sorte que France Ô redevienne véritablement une chaîne ultramarine avec son identité ».
La spécificité de France Ô suscite de nombreuses prises de position. Dans la perspective de la pérennité de cette chaîne, deux options semblent envisageables : Soit considérer que la viabilité de cette chaîne peut passer par la préservation et l’accentuation de son identité ultramarine. Pour ce faire, le financement de la chaîne doit être garanti car il est difficilement envisageable d’accomplir une telle mission sans les ressources financières appelées à en découler. Soit lui donner une nouvelle légitimité en lui fixant des orientations tournées sur lac réation contemporaine, la musique, les cultures urbaines, dans des formes privilégiant l’audace et l’impertinence. L’offre d’information des territoires d’Outremer pourrait alors être prise en charge par France 3, qui au titre de la continuité territoriale de l’Etat, assurerait sa vocation pleine et entière de chaîne consacrée auxterritoires. Ce schéma impliquerait que France 4 soit entièrement consacrée à laprogrammation jeunesse. L’avenir de cette chaîne sera quoi qu’il en soit à déterminer à l’occasion de la futurerédaction du prochain contrat d’objectifs et de moyens liant l’Etat et France Télévisions.