Le Palmarès du FIFAC 2024


Publié le Dimanche 13 Octobre 2024 à 07:01



À l’occasion de la cérémonie de clôture qui s’est tenue ce samedi 12 octobre, le jury du Fifac - Festival International du Film documentaire Amazonie-Caraïbes, présidé par Gessica Généus a décerné les prix suivants :

Grand prix FIFAC - France Télévisions (longs-métrages en compétition)
L’homme-vertige de Malaury Eloy Paysley 

Guadeloupe – France | 2023 | 1h34 | Créole, français | Athénaïse – Lyon Capitale TV

Le vertige c’est une angoisse, un état d’égarement, une folie passagère. Ce sont les hommes qui tournent en rond, pris au piège de Pointe-à-Pitre. Longtemps, Eddy l’a arpentée jour et nuit. Cette ville qui a été celle du peuple, des révoltes écrasées dans le sang. Elle n’est plus qu’une ville fantôme. Et pourtant n’y a-t-il pas quelque chose qui résiste au rythme effréné des mutations et qui persiste dans les souvenirs des indépendantistes déchus comme Ti Chal ou dans le silence de Kanpèch, ancien ouvrier à la Darse ? Voyants ancrés dans une ville qui vacille, détenteurs d’une mémoire enfouie dans les replis de leurs silences, les méandres de leurs voix intérieures, les personnages que je filme sont suspendus au bord du gouffre de la ville, au bord du chaos du monde. Ils deviennent mes points d’ancrage, je les rejoins, je les écoute, je me glisse dans leurs pas et plonge dans leur regard. Leur vertige est le nôtre.

Prix du jury (longs-métrages en compétition)
Varado de Nicos Argillet et Stéphane Corréa

Guyane – France | 2024 | 1h42 | Portugais, français | YUZU Productions en coproduction avec Berenice Medias Corp., Compass Films, MAMO

Au cœur de l’Amazonie, à la frontière entre la Guyane française et le Suriname, des orpailleurs clandestins détruisent la forêt tropicale dans l’espoir d’une vie meilleure.

Mention spéciale du jury
Mama Sranan de Tessa Leuwsha

Suriname – Pays-Bas | 2023 | 1h11 | Néerlandais, sranan tongo | Pieter Van Huystee Film & TV

Une femme revient sur sa vie, par le biais de la narration et de la chanson. Dans  Mama Sranan, la réalisatrice Tessa Leuwsha utilise un flux d’images d’archives colorisées fascinantes pour illustrer la vie de femmes surinamaises comme sa grand-mère, qui était lavandière. Elle est née dans un hameau en 1905 d’une mère blanche et d’un père noir – une honte. Son père est contraint de partir et sa mère disparaît à son tour. Elle est méprisée en tant que métisse, ne va pas à l’école et prend rapidement conscience de l’état des relations coloniales (« nous travaillons et ils regardent »). Elle a un enfant dont le père est toujours ailleurs, au service des Hollandais.

Déterminée à tirer le meilleur parti de sa vie, elle déménage à Paramaribo, où elle a trois autres enfants qu’elle élève seule. Pendant ce temps, elle voit son pays évoluer vers une plus grande estime de soi. Cependant, avant l’indépendance du Surinam en 1975, tous ses enfants partent pour les Pays-Bas et elle finit par les suivre, le cœur serré : « En Hollande, le paradis est comme une ombre, juste devant ou derrière vous, jamais avec vous ». Malgré tout, elle trouve un endroit qui lui permet de renouer avec sa patrie, ses racines spirituelles et elle-même.

Prix du meilleur court-métrage
Palomar de José Luis Jiménez Gómez

Cuba | 2023 | 13’ | Espagnol | EICTV Cuba

Dans la région rurale de Cumanayagua, à Cuba, Cristian (14 ans) noue un lien affectif avec les pigeons lorsqu’il construit un pigeonnier avec son père. Cette relation l’aide à entretenir la mémoire de son grand-père assassiné et à panser les blessures de son passé.

Prix du jury lycéen (longs-métrages en compétition) 
Les âmes bossales de François Perlier

Haïti – France | 2023 | 1h20 | Créole haïtien, français | Corpus Films avec Bleu & Rouge Productions, avec la participation de TV7 Bordeaux

Les « bossales » étaient les esclaves africains vainqueurs de la guerre d’indépendance d’Haïti. Ce terme qualifie désormais une personne rebelle, à l’image des protagonistes du film. Charlotte, défenseure des droits humains, Foukifoura, chroniqueur satirique, Édris, vidéaste de l’insurrection, Michou, ouvrière luttant pour survivre, Ramoncite, énigmatique prêtre vaudou. Dans un contexte social explosif, ils incarnent l’âme de ce pays, foyer incandescent de résistance politique et spirituelle.

Prix du public (Écrans Parallèles)
SAS est passé de Chloé Bebronne

Guyane I 2023 I 52’ I Français | Kanopé Films – Real Productions – France Télévisions, Guyane La 1ère

En 2006, au cœur de la Guyane, une bande de passionnés de musiques urbaines décide de créer un label de production indépendant : SAS Prod. En quelques années, SAS Prod devient une institution en Guyane. Il lance la carrière de dizaines d’artistes locaux et obtient la reconnaissance du grand public et des professionnels. Mais ce rêve se transforme petit à petit en cauchemar avant dʼimploser définitivement en 2016.

Que sʼest-il passé ? Aujourd’hui, les ex-membres de SAS Prod se réunissent une dernière fois autour dʼun projet pour revenir sur ce moment intense de leur vie. Que retiennent-ils de cette expérience ? Ce film nous entraîne au cœur d’une aventure humaine hors du commun, qui a, pendant 10 ans, porté le rêve fou de faire vivre la production musicale à Cayenne, à 8000 km des centres de décision de lʼHexagone…

Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur