La réforme du cannabis est plus que jamais au centre des débats, notamment en Europe, où la législation reste encore la plus stricte, comparée à l’Amérique du Nord ou l’Afrique dans son ensemble. En effet, poussée par de nombreux pays partenaires, mais aussi par des consommateurs toujours plus nombreux, l’Europe ne peut plus reculer sur la question de légaliser ou non le cannabis. Tandis que l’Union européenne est en pourparlers, certains pays prennent les devants, à l’image de Malte. Retour sur cette dynamique européenne en pleine évolution.
Malte prend les devants de la réforme
C’est une réforme qui fait couler beaucoup d’encre : faut-il, ou non, légaliser le cannabis en Europe. La question est non seulement sociale, mais aussi économique, et intimement politique. Alors que certains États, notamment la France, pratiquent une politique anti-cannabis depuis des années, l’idée même de devoir légaliser ce produit paraît compliquée. Pourtant, d’autres pays en Europe ne se posent pas la question. Quelqu’un doit prendre le taureau par les cornes, et c’est Malte, un pays qui n’est jamais très loin des sujets controversés, qui a pris les devants. Si les étapes finales sont mises en œuvre, les habitants de l’île pourront bientôt acheter de la kryptonite, du Lary Bird et d’autres variétés traditionnelles dans des magasins licenciés.
Malte a donc choisi d’agir au lieu de continuer à discuter. C’est simple, pour l’île européenne, le cannabis est désormais légal à la commercialisation, à la culture et à la consommation, depuis décembre 2021. C’est le premier pays européen à franchir ce cap. Plus exactement, il sera possible de cultiver jusqu’à 4 plants et détenir jusqu’à 7 grammes pour sa consommation personnelle. Pourtant, la consommation sur des lieux publics restera interdite. Cela ouvre bien entendu d’autres questions sur la gestion d’un marché à plus grande échelle, et d’autres pays partagent ces questionnements.
Des alliés allemand, suisse et luxembourgeois
C’est le cas de l’Allemagne, du Luxembourg ou encore de la Suisse, qui se montrent également favorables à une légalisation du cannabis en Europe, et particulièrement dans leurs pays respectifs. En Allemagne, le cannabis médical est déjà autorisé, ce qui facilite les discussions autour du cannabis récréatif. C’est une autre situation du côté suisse, où le cannabis est interdit depuis 1951. Pourtant, les trois pays semblent se diriger dans les pas de Malte, avec des décisions prévues au cours de l’année 2022.
D’autres pays, comme les Pays-Bas, n’ont pas opté pour une légalisation, mais bien une dépénalisation. Cela signifie que les sanctions envers les consommateurs sont moindres, mais que le produit reste illégal ou très encadré. Beaucoup de pays dans le monde ont aussi choisi cette voie, mais pas le Canada, l’Afrique du Sud ou près de 18 États américains, qui ont opté pour la légalisation totale du cannabis, y compris récréatif.
Quels débouchés pour le reste de l’Europe ?
Ces pays parlent bien de « législation responsable », en accord avec les tendances actuelles, notamment en matière de consommation. L’idée n’est alors pas d’encourager une consommation à plus grande échelle, mais simplement d’arrêter de sanctionner les consommateurs occasionnels. Avec l’acte unilatéral de Malte, qui sera bientôt suivie par d’autres pays, qu’en sera-t-il de la France et ses voisins encore récalcitrants ? Il est fort possible de voir un effet domino se produire et voir un enchaînement de lois légalisant le cannabis, un peu comme aux États-Unis.
De plus, des pays comme la France ne sont pas entièrement fermés à l’idée d’une évolution de législation sur le cannabis, sans aller forcément jusqu’à une légalisation du cannabis récréatif. Avec le lancement d’études sur le cannabis médical en mars 2021, si les résultats sont probants, cela pourrait bien précipiter de nouvelles décisions. Affaire à suivre.