Lettre ouverte de la CDMT à Jean-Michel Hegesippe, PDG d'Outremer Telecom

Rédigé le Jeudi 10 Avril 2014 à 14:37



Lettre du Secrétaire de la CDMT (Centrale démocratique martiniquaise des travailleurs) à Jean Michel Hegesippe, président Directeur général d'Outremer Telecom.
"L’histoire des relations de notre syndicat avec la direction de votre entreprise ne me permet pas d’avoir l’assurance d’une réponse de votre part. De vos tentatives hier de contourner la mise en place des IRP à Outre mer télécom aux lenteurs calculées de votre DRH à Numéricable (ex MTVC Le Cable) sur le même sujet, le fil conducteur est clair : votre conception plutôt musclée du « dialogue social », à laquelle répond évidemment la détermination sans faille de la CDMT.
Cela ne m’empêchera pas de vous adresser notre réaction tant aux déclarations de vos représentants qu’au « communiqué interne » adressé par vous à vos salariés. Vous accusez la CDMT d’une « campagne de dénigrement (…) qui ne peut qu’affecter l’image de la société dans un contexte économique concurrentiel particulièrement difficile .. ».
Permettez moi de faire observer que si vous partagez avec vos concurrents un « contexte difficile » vous partagez aussi avec eux l’obligation de respecter le même code du travail, qui heureusement contient encore quelques règles protectrices des salariés, en particulier en ce qui concerne leur santé au travail.
En la matière vous ne semblez pas avoir le souci d’occuper la première place ! Ce terrain de « concurrence » ne vous intéresse pas !Vos représentants et vous jurent leurs grands dieux que le harcèlement que nous dénonçons dans la dernière affaire en date ne serait que pure invention manipulatrice.
Vous parlez même de diffamation passible des tribunaux. Je ne doute pas de vos compétences en la matière, justement parce que le cas évoqué aujourd’hui est bien loin d’être isolé.
Je comprends bien que vous souhaitiez, vous et vos responsables, jouer les étonnés mais nous savons comme vous à quel point le Conseil des Prudhommes et l’inspection du travail sont encombrés de dossiers liés à la souffrance au travail à OTAG ! Comme vous nous savons aussi que la situation n’est pas meilleure à la Réunion et à Mayotte !
Pour en venir au cas d’aujourd’hui nous sommes très interessés par votre menace à peine voilée de recours aux tribunaux pour diffamation.
Ce serait une excéllente occasion d’ expliquer largement ce qu’il en est :-Des « prescriptions légales » en matière d’ « investigations menées par la commission d’enquête » qui n’ont évidemment rien avoir avec la mascarade conduite dans vos locaux.
De ce point de vue, le scénario tragi-comique orchestré par votre DRH, loin de permettre l’expression contradictoire de la vérité, fonctionne en réalité comme une pièce supplémentaire à verser au dossier du harcèlement. Le refus catégorique des subordonnés de se prêter à ce jeu cynique devrait sérieusement alerter tout esprit un tant soit peu objectif. Ce n’est pas votre cas.
- Des tentatives misérables de vous et de votre équipe de mettre au compte de« situations personnelles » une souffrance liée à des pratiques se déroulant sous votre autorité comme en attestent de nombreux certificats médicaux. Il est à vrai qu’à Mayotte aussi, quand vos méthodes de management font des dégats sur le personnel, vous évoquez…les troubles sociaux qui auraient affecté vos victimes !
- Des mensonges de votre équipe sur les congés de maladie de la salariée alors que, jusqu’au harcèlement d’aujourd’hui, elle était connue pour son assiduité confinant parfois au zèle pour le bien de l’entreprise. Ceci est attesté même dans l’entreprise où vous êtes venu la débaucher pour son sérieux et sa compétence.
Il est vrai que vous avez choisi pour communiquer sur les absences et sur le reste non pas une DRH relativement proche des faits et que ses fonctions destine normalement à cette tâche mais une responsable de la communication marketing, comme s’il s’agissait d’une marchandise de plus à promotionner !
- des éléments constitutifs du harcèlement moral qui s’additionnent dans le cas qui nous occupe alors qu’un seul suffirait au vu des effets produits sur l’état de santé de la victime : dénigrement répété de son travail, attitude discriminatoire attestée, refus de fournir les moyens normaux pour l’accomplissement de ses tâches, retrait dévalorisant d’une partie des dites tâches, propos insultants et injurieux, tentative de profiter du moindre fléchissement passager de la victime pour l’enfermer dans la rupture « conventionnelle », en l’incitant même à faire au CE et à l’inspection du travail une présentation frauduleuse des motifs de sa demande initiale de rupture, tentative grossière de déguiser le harcèlement en… «problèmes familiaux» ;
Nous supposons que ni vous ni vos DRH n’ont jamais eu de problèmes familiaux ; vous auriez alors su que les problèmes familiaux ne débouchent pas nécessairement sur le harcèlement ! Ce qui den revanche débouche toujours sur la souffrance au travail c’est le chantage au licenciement que vous exercez sous le prétexte d’ « d’objectifs » à atteindre alors que la réalisation de ces objectifs, fixés unilatéralement, dépendent en réalité de l’état du marché bien plus que de tout autre chose.
Les procédures de licenciements que vous avez ouverts contre 6 salariés en ce moment même n’ont comme « cause réelle et sérieuse » que votre volonté d’accélérer le turn over, moyen imaginé par vous pour masquer vos erreurs d’appréciation du marché.
Nous n’avons pas de doute sur le résultat si ces 6 nouvelles victimes choississaient de demander aux tribunaux de dire le droit en la circonstance.
En ce qui nous concerne, nous n’abandonnerons pas notre double exigence :Que notre camarade puisse mettre fin au calvaire que vous lui faites subir dans des conditions conformes à ses intérêts et sa dignité.
Qu’un processus soit mis en place pour que cessent à OTAG les pratiques de harcèlement moral et les vagues successives de licenciements boursiers
Veuillez recevoir, Monsieur le PDG, mes salutations distinguées"

Mots Clés : Outremer Telecom
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