Thierry Marx à Mayotte ! L’Umih mobilisée pour soutenir le département dévasté


Publié le Dimanche 19 Janvier 2025 à 07:33



Charles-Henri Mandallaz, président de l'UMIH Mayotte a reçu le soutien de président de l'UMIH national, Thierry Marx
Le vendredi 17 janvier, Thierry Marx, président confédéral de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih), s’est rendu à Mayotte pour exprimer son soutien aux professionnels du secteur lourdement touchés par le passage du cyclone Chido. Cet événement a causé des dégâts dévastateurs, affectant particulièrement l’hôtellerie-restauration, le tourisme et l’agriculture, des secteurs clés pour l’économie de l’île.

Le cyclone Chido a aggravé une situation économique déjà fragile à Mayotte. Selon une enquête flash réalisée par l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte, les établissements touristiques ont subi en moyenne 58 % de dommages structurels, et 67 % des établissements hôteliers et restaurateurs ont dû fermer leurs portes. À cela s’ajoutent les pertes agricoles massives, les coupures d’eau et d’électricité, ainsi que des difficultés d’approvisionnement dues aux surtaxes sur le fret aérien.

« Avec près de 60 adhérents sur le département, l’Umih Mayotte joue un rôle structurant pour accompagner les métiers de sa filière en : montée en compétences, professionnalisation, mise en conformité pour des normes parfois difficiles à appliquer localement... Et dans le contexte actuel, notre syndicat professionnel est en première ligne pour répondre aux défis urgents des infrastructures détruites, des pertes agricoles massives et de la chute de l’activité touristique », a déclaré Charles-Henri Mandallaz, président de l’Umih Mayotte.

Thierry Marx, accompagné de Charles-Henri Mandallaz et des adhérents de l’Umih Mayotte, a défini une feuille de route pour répondre à cette crise sans précédent. Parmi les priorités figurent :

  L’évaluation des dommages et la planification des réparations ; L’accès à des aides adaptées pour les entreprises sinistrées ; La réduction des surtaxes sur le fret aérien ; Le renforcement des partenariats avec les filières agricoles et les acteurs de la formation. « Devant la situation préoccupante de Mayotte, l’Umih que je représente, souhaite apporter à ses adhérents son soutien à court et long terme. Et, je vous assure de la mobilisation des permanents de notre organisation, dans la gestion de crise de Mayotte au quotidien. Pour suivre, l’acheminement des 200 000 litres d’eau, effectué fin décembre grâce à la mobilisation des syndicats départementaux et de la Source des Abatilles, nous organiserons d’autres envois d’eau et de vivres. », a précisé Thierry Marx.

« Devant l’ampleur des dégâts, il n’est pas réaliste de penser que l’on pourra ouvrir dans deux mois. En ce sens, la mesure envisagée par le gouvernement dans la loi-Urgence ne répond pas aux besoins des entreprises des filières tourisme, formation et agriculture. Pendant que les cultures repartent de zéro, nous devons nous approvisionner par un fret aérien surtaxé bien pénalisant. Et plus globalement, ce projet d’aide se révèle déconnecté de la réalité de toutes les entreprises de Mayotte », conclu Charles-Henri Mandallaz.

Depuis la catastrophe, l’Umih nationale et ses partenaires se sont mobilisés pour apporter une aide d’urgence. En décembre, un premier envoi de 200 000 litres d’eau a été effectué grâce à la collaboration entre les syndicats départementaux et la Source des Abatilles. D’autres envois d’eau et de vivres sont en cours d’organisation.

Au-delà de l’Umih, d’autres acteurs économiques, comme la CCI, la CPME, et les Jeunes Agriculteurs, se sont unis pour relancer l’économie mahoraise. Cette collaboration vise à garantir un avenir durable pour l’île en s’appuyant sur sa devise : "Nous sommes vigilants".

Malgré l’ampleur des dégâts, des signes encourageants de reprise apparaissent, avec des réouvertures sporadiques d’établissements depuis le 15 janvier. Cependant, le chemin vers une relance complète reste semé d’embûches, et les six mois nécessaires pour retrouver une activité à 83 % du possible témoignent de l’ampleur du travail à accomplir.

Etat des lieux des dommages du bâti d'une structures hôtelière. Chef Marx et Charles-Henri Mandallaz
Une enquête flash pilotée par l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique de Mayotte a été réalisée. Elle a été administrée aux professionnels du tourisme de l’île par mail, téléphone et sur le terrain dès le lendemain.

108 professionnels du tourisme ont répondu à cette enquête flash pour faire l’état des lieux de la filière touristique après le passage du cyclone Chido. 100% des hôtels, résidences du tourisme et du secteur nautique sont intégrés.

Tous les territoires sont représentés même si le nombre de retours dans la CAGNM et dans la CC Sud sont plus faibles. Cela peut s’expliquer par une remise en route des réseaux électriques et mobiles très inégale sur ces territoires.

Suite au passage du cyclone Chido, 67% des professionnels du tourisme déclarent leurs établissements fermés. 81% des prestataires d’activités et près de 100% des restaurateurs se déclarent fermés. Les raisons des fermetures sont souvent en lien avec la perte du matériel de travail, les dommages importants sur les locaux ou encore le manque d’eau et/ou électricité.

Les restaurants réouvrent progressivement et lentement. 33% des professionnels ont repris une activité presque normale ou fonctionnent en mode dégradé pour assurer un service minimum. En moyenne, un établissemement touristique a subi 58% de dégâts au sein de sa structure. Les professionnels du tourisme estiment qu’il faudra environ 5 mois pour reprendre une pleine activité.

Le bâti a subi de lourds dégâts sur l’ensemble du territoire mahorais. On ne compte plus les toitures envolées, les maisons innondées ou encore les jardins saccagés par la force des vents. Il était donc important de faire un point de situation sur le secteur des hébergements touristiques à Mayotte en se focalisant dans un premier temps sur les hôtels et les résidences de tourisme. On dénombre à ce jour 23 structures réparties sur l’ensemble du territoire dont une concentration dans le secteur de Mamoudzou et Petite-Terre.

Suite au cyclone, seulement 55% des hôtels et résidences de tourisme sont ouverts, représentant 61% de la capacité en chambres et 62% en lits.

67% des établissements ouverts sont réquisitionnés afin d’héberger du personnel venu en urgence sur le territoire (dont environ la moitié était déjà réquisitionnée avant le cyclone). Dans 6 mois, d’après les premiers retours, on estime à 83% le nombre d’hôtels et résidences de tourisme en activité.

Le taux d’ouverture actuel des meublés et chambres d’hôtes est de seulement 44% (échantillon supérieur à la moitié du parc).
47% des établissements fermés espèrent pouvoir ouvrir au cours du mois de janvier. Pour les autres, l’avenir est très incertain au regard des dégâts très importants.

La filière nautique est un secteur phare du territoire mahorais car elle permet de mettre en valeur son lagon unique. Après la catastrophe naturelle que l’île vient de subir, il faudra surement beaucoup de temps avant que la faune et la flore marine se relève.
51% de la flotte (motorisée) est inutilisable à court ou long terme. Dans le meilleur des cas, le bateau a subi quelques dégâts et les réparations sont mineures. Trop souvent, les bateaux ont malheureusement disparu ou ont coulé. La flotte de grands catamarans a été durement touchée, un seul bateau (sur 5 en en 2024) est actuellement en état de reprendre du service. Mais à ce jour, le secteur des plongées et safaris marins est immobilisé en l’absence de ponton.

Les centres nautiques et bases de loisirs comptent reprendre rapidement leur activité.

L’heure est aujourd’hui à la reprise pour ceux qui le peuvent et à la reconstruction pour ceux qui doivent repartir de zéro.
Le besoin de financements et d’aides est vital pour relancer la filière touristique. Les acteurs attendent impatiement l’annonce des mesures d’aides pour se projeter. Le recours au chômage partiel est déjà de rigueur pour plusieurs entreprises et certaines songent déjà au licenciement voir même à l’arrêt définitif de leur activité.
   
 A très court terme, de nombreux professionnels soulignent l’enjeu de l’accès à l’électricité en premier lieu mais aussi à la connexion internet et à du matériel (bâches, grillage...).

Des hôtels réquisitionnés regrettent de ne pouvoir accueillir une clientèle affaire plus classique qui participerait également à la relance économique de l’île.

Parmi les attentes des acteurs de la filière nautique en capacité de reprendre leur activité, les deux principales attentes sont les suivantes :

- La mise en place d’un ponton provisoire (pouvant également accueillir les tenders des bateaux de croisière)
- La remise en service de la station maritime pour avoir un accès direct au carburant

La filière touristique est donc en péril. Au dela de l’aspect financier, les acteurs ont besoin de mesures qui vont avoir un impact positif sur leur moral afin de leur donner la force de remonter la pente.

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