Dossier: ce qu'il faut savoir sur le déploiement du DAB+ en Outre-Mer

Rédigé le Dimanche 19 Janvier 2020 à 09:25



Les paysages radiophoniques ultramarins comportent chacun leurs spécificités. Toutefois, ils partagent plusieurs différences avec le paysage radiophonique d’une zone de métropole.

Le service public radiophonique ultramarin est en général composé de deux services : les radios « outre-mer La 1ère» déclinées pour chacun des territoires ultramarins et France Inter. RFI est également diffusée en Guyane et France Culture à La Réunion.

Alors qu’en métropole, les radios privées se classent en cinq catégories (ainsi qu’une catégorie spécifique pour les radios d’information et de sécurité routières), seules deux catégories de radios privées existent outre-mer.

Tout d'abord, la catégorie A ultramarine ne se distingue pas de la catégorie A métropolitaine : cette catégorie regroupe les radios qui sont éditées par une association accomplissant une mission de communication sociale de proximité et dont les revenus publicitaires sont limités à une fraction de l’ensemble de leurs revenus (20 %).

En revanche, la catégorie B ultramarine diffère de la catégorie B métropolitaine: les services ultramarins de catégorie B peuvent également diffuser, pour une part non prépondérante de leur temps d’antenne, et en raison de la distance par rapport à la métropole, les informations nationales et certaines émissions des radios généralistes et thématiques nationales.

Wallis-et-Futuna fait figure d’exception parmi les territoires ultramarins : aucune radio privée n’est autorisée sur ce territoire de sorte que le déploiement du DAB+ s’y apprécierait d’abord comme un moyen de favoriser le développement de l’offre radiophonique locale.

France Inter, France Culture et RFI mises à part, les émissions radiophoniques des services ultramarins sont profondément ancrées dans leurs territoires, leurs langues et leurs cultures, notamment musicales.

S’agissant de la prestation de la diffusion hertzienne terrestre de services de radio, la concurrence de TDF semble très limitée : les radios qui ne souhaitent pas être diffusées par cet opérateur recourent en général à l’autodiffusion.

Le déploiement de la DAB+ en Outre-Mer durant la période 2020-2023

Le déploiement du DAB+ dans les territoires ultramarins durant la période 2020-2023 peut répondre à deux objectifs à court ou moyen terme :

- uniformiser la couverture d’une partie des radios existantes afin de rendre plus homogènes l’offre radiophonique et les conditions de concurrence ;

- permettre la création de nouvelles radios.

À plus long terme, le Conseil estime que, dans un monde de médias très majoritairement numériques, la diffusion en DAB+ constituera un atout pour les radios par la possibilité d’enrichir le flux sonore et de mettre en place des services hybrides.

Au regard du nombre de services FM autorisés, les objectifs de déploiement du DAB+ dans chaque territoire pourraient être les suivants :

Guadeloupe, Martinique, Mayotte et La Réunion :

- 1 multiplex pouvant couvrir toutes les zones FM du territoire
- 1 autre multiplex pouvant couvrir toutes les zones FM du territoire (sous réserve de faisabilité technique)
- ou bien au plus 1 multiplex local par zone FM;

Guyane :

- 2 multiplex locaux à Cayenne et Kourou et au plus 1 multiplex local ailleurs par zone FM ;

Polynésie française :

- à Tahiti, 2 multiplex locaux et ailleurs, au plus 1 multiplex local par zone FM;

Nouvelle-Calédonie, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna:

- 1 multiplex pouvant couvrir toutes les zones FM du territoire
 
La ressource radioélectrique a été coordonnée au niveau international pour les territoires suivants : Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin.

Les travaux de coordination et de planification n’ont pas encore commencé pour la Guyane, Mayotte et La Réunion. La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna sont peu concernés par la coordination internationale : pour autant, les travaux de planification n’y ont pas commencé. Dans ces six territoires, la planification pourrait donc être guidée par ces objectifs.

Les expérimentations de diffusion en DAB+ se sont déroulées exclusivement en métropole : d’une durée de plusieurs années, elles ont contribué à la dynamique actuelle de déploiement. Engagé dans le déploiement à grande échelle du DAB+ en métropole, le Conseil n’entend désormais autoriser en métropole que les expérimentations relatives à des questions techniques inédites.

S’agissant de l’outre-mer, le Conseil est ouvert à la possibilité d’autoriser des expérimentations de courte ou de longue durée avant de lancer les appels aux candidatures en vue de délivrer des autorisations pérennes, y compris dans les zones les plus peuplées et sans nécessairement les restreindre à la diffusion de boucles musicales non identifiées, dans le but que les éditeurs intéressés puissent acquérir de l’expérience sur cette diffusion dans des conditions réelles.

Toutefois, participer à une expérimentation dans une zone n’est pas une garantie d’être retenu lorsque l’appel aux candidatures est lancé sur cette zone, la loi du 30 septembre 1986 ne prévoyant pas un tel critère de sélection. Ainsi, il n’est pas garanti que l’investissement dans une expérimentation puisse être rentabilisé.

Par ailleurs, la fin d’une expérimentation ne saurait coïncider avec l’entrée en vigueur d’autorisations délivrées sur le fondement de l’article 29-1 de la loi du 30 septembre 1986 : le Conseil impose en général l’arrêt des émissions avant le lancement de l’appel aux candidatures.
 
Si un nombre suffisant d’acteurs d’un territoire marquent leur intérêt pour un appel aux candidatures, le Conseil préparera le lancement d’un appel aux candidatures. La préparation de l’appel aux candidatures prendra vraisemblablement entre 12 et 18 mois (hors consultation des conseils exécutifs).

Le premier modèle d'appel est l'équivalent en numérique de l'appel aux candidatures en FM: l'appel est ouvert aux éditeurs de service de radio.

L'appel aux candidatures ultramarin en DAB+ ouvert aux éditeurs concernerait donc a priori les services de catégorie A et B. Toutefois, la question des catégories pourrait être réexaminée au regard des projets de services des éventuels candidats.

Le second modèle d’appel est l’appel aux candidatures ouvert aux distributeurs de services de radio.

Pour les radios déjà autorisées en FM qui seraient également autorisées en DAB+ dans le cadre d’un appel ouvert aux éditeurs de services ou dont le service serait retenu dans le cadre d’un appel ouvert aux distributeurs, la question d’une migration rapide de la FM vers le DAB+ afin de limiter les coûts de double diffusion se pose.

La rapidité de la migration dépend de la vitesse d’évolution des usages et donc de la dynamique d’équipement des foyers en récepteurs DAB+. Elle dépend également de la cohésion des radios qui s’engageraient dans la voie de la migration et des moyens qui seraient mis en œuvre pour accompagner le public dans cette migration.

Dans l’hypothèse où tous les éditeurs de service de radio d’un territoire envisageraient une transition vers le DAB+, le Conseil devrait alors examiner s’il dispose d’une ressource radioélectrique suffisante pour mettre en œuvre cette transition.

Qu'est-ce que le DAB+ ?

Le DAB est l'abréviation de Digital Audio Broadcasting, qu'on peut traduire en français par radiodiffusion sonore numérique. Appelée aussi en France RNT (Radio Numérique Terrestre), il est aussi le standard international appelé à succéder à la radiodiffusion analogique en FM pour la diffusion hertzienne.

​Le "+" du DAB correspond à une version améliorée du standard, grâce à la toute dernière technique de compression numérisation qui offre une meilleure qualité sonore et permet de diffuser encore plus de programmes en même temps.

En Outre-Mer, il faudra attendre la dernière vague de déploiement en Métropole pour le DAB+ atteigne les territoires ultramarins soit entre 2020 et 2023.

Mots Clés : CSA DAB+
Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur