Dans une tribune publiée ce lundi, onze sénateurs, dont plusieurs issus des territoires ultramarins, dénoncent une "exclusion persistante" des Outre-mer dans le déploiement des campagnes d’information gouvernementales. Un manque de visibilité médiatique qu’ils qualifient de "rupture d’égalité dans l’accès à l’information publique", et qu’ils entendent faire cesser par la mise en place urgente d’un plan d’action national.
À l’initiative de la sénatrice socialiste Audrey Bélim (La Réunion), les parlementaires ont adressé des courriers à la ministre de la Culture Rachida Dati, au directeur du Service d’information du gouvernement (SIG) Michael Nathan, ainsi qu’à Pierre Calmard, président de Dentsu France, l’agence chargée du placement des campagnes d’information. Leur objectif : alerter sur une situation jugée "discriminatoire" à l’égard des citoyens ultramarins.
"Nos concitoyens ultramarins, comme leurs compatriotes hexagonaux, ont le droit d'être informés des dispositifs gouvernementaux, quel que soit leur lieu de résidence", affirment-ils d’une seule voix.
Les sénateurs pointent une absence récurrente des médias ultramarins dans les plans de diffusion des campagnes nationales. Une carence qui, selon eux, a des conséquences concrètes : "Ce traitement différencié prive les ultramarins d’informations essentielles sur des dispositifs majeurs, comme l’adaptation du logement pour les personnes âgées, le service d’aide en cas d’alcoolisme, ou encore les élections professionnelles dans les TPE et PME, qui constituent pourtant la majorité du tissu économique local."
Et les élus de rappeler les propos de l’ancienne ministre de la Culture Rima Abdul Malak, lors de sa visite à La Réunion en novembre 2023. Celle-ci avait alors reconnu de "réelles distorsions dans la répartition des campagnes d'information entre l’Hexagone et les Outre-mer", promettant un rééquilibrage à venir. Une promesse restée sans suite, regrettent aujourd’hui les sénateurs : "Nous n'avons hélas pas connu d'amélioration."
Au-delà du déficit d'information, les signataires alertent aussi sur l’impact économique de cette inégalité : "Ce sont des recettes en moins pour nos médias ultramarins", soulignent-ils, insistant sur l’importance de ces revenus pour des acteurs médiatiques souvent fragilisés. "C’est également une influence dont l’État se prive pour ses campagnes à destination de tous les Français."
La tribune appelle ainsi à une refonte complète du dispositif actuel : "Il est impératif que toutes les campagnes d'information gouvernementales soient désormais diffusées sur l'ensemble du territoire national, Hexagone comme Outre-mer." Un message clair, qui vise à garantir une équité territoriale et à replacer les médias ultramarins au cœur du débat public.
Parmi les signataires figurent des élus de diverses sensibilités politiques :
- Audrey Bélim, La Réunion
- Catherine Conconne, Martinique
- Évelyne Corbèire Naminzo, La Réunion
- Stéphane Fouassin, La Réunion
- Jocelyne Guidez, Essonne
- Micheline Jacques, Saint-Barthélemy (présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer)
- Victorin Lurel, Guadeloupe
- Viviane Malet, La Réunion
- Saïd Omar Oili, Mayotte
- Jean-Gérard Pau, Indre-et-Loire
- Rachid Témal, Val d’Oise
Une unité politique rare, qui souligne l’ampleur du malaise et l’urgence à agir.
Cette tribune relance un débat récurrent sur la visibilité des Outre-mer dans les politiques publiques. Reste à voir si le gouvernement saura y répondre avec des mesures concrètes, au-delà des déclarations d’intention. Les regards sont désormais tournés vers le ministère de la Culture et le Service d’information du gouvernement.
Source : Imazpress